Adoptions internationales: la France appelée à reconnaître des carences collectives
RFI avec AFP
Publié le 13/03/2024.
La France doit « reconnaître » officiellement et « sans détours » les « carences collectives » qui ont permis des adoptions internationales illicites et prendre « en considération » les « conséquences » dommageables pour les adoptés, selon un rapport publié mercredi.
Le gouvernement a chargé en novembre 2022 trois inspections (Affaires étrangères, justice, enfance) de faire la lumière sur les « pratiques illicites dans l’adoption internationale ».
Leur rapport de 118 pages, achevé en octobre 2023, a été remis officiellement mercredi à la ministre chargée de l’Enfance et des Familles Sarah El Haïry et au ministre délégué chargé de la Francophonie et des Français de l’étranger, Franck Riester, en présence de certaines associations d’adoptés. « L’essor de l’adoption internationale dans un contexte non ou peu régulé s’est accompagné d’importantes dérives », reconnaissent les inspecteurs, qui ont procédé à 179 auditions.
« L’absence ou la faiblesse du contrôle exercé par les autorités publiques, conjuguées à la forte demande émanant des pays occidentaux, ont mis sous pression des environnements locaux fragiles, marqués par la pauvreté et non exempts de corruption », écrivent-ils.
L’adoption a « donné lieu à de véritables trafics »
L’adoption est devenue « un marché potentiellement très lucratif, suscitant l’émergence de nombreux intermédiaires. Le versement d’importantes sommes d’argent pour faciliter les opérations, ou le recueil d’un consentement parental en réalité très peu éclairé, semblent avoir été des pratiques courantes », ajoutent les auteurs du rapport.
L’adoption a « donné lieu à de véritables trafics fondés sur la falsification de pièces pour rendre un enfant adoptable, la « production » d’enfants pour adoption, le vol d’enfants à la maternité… », poursuivent-ils. Près de 120 000 Français ont été adoptés à l’étranger depuis 1945, selon ce rapport.
L’adoption internationale s’est développée à partir des années 60, avec un pic de 4 079 enfants adoptés en France en 2004, avant de refluer, à mesure qu’elle était encadrée par des traités internationaux et davantage contrôlée, pour s’établir à 232 enfants en 2022.